Le Pape à Pietrelcina: Il rend hommage à Padre Pio, fils de l’amour maternel de l’Église. Et par là, nous donne l’occasion de redecouvrir qui est St Padre Pio.
Dans son premier discours à Pietrelcina, la terre natale de Padre Pio, le Pape François a parcouru la vie du saint capucin en soulignant son amour pour les pauvres, sa prière incessante et son écoute patiente.
De la chapelle des stigmates à l’hôpital des corps et des âmes, en passant par le sanctuaire, le Saint-Père, en à peine six heures, va parcourir l’une des vies les plus troublantes de tous les saints.
Il y a 50 ans cette année que saint Padre Pio (1887-1868) est décédé, et 100 ans que le saint le plus populaire d’Italie a reçu les premiers stigmates de la Passion du Christ sur son corps. Un double anniversaire que le pape François a décidé de commémorer en se rendant sur les lieux mêmes de la vie du saint ce 17 mars, dans les Pouilles. Pour un moment de recueillement dans la chapelle des stigmates, à Piana Romana de Pietrelcina, sa ville natale, et sur la dépouille du saint au sanctuaire Sainte-Marie-des-Grâces à San Giovanni Rotondo. Entre les deux, une visite à la Casa Sollievo della Sofferenza, hôpital fondé par Padre Pio. Tout cela en moins de six heures, selon les derniers détails du programme communiqués par le Vatican. Découvrez les trois destinations phares de la visite de François :
La Chapelle des stigmates
C’est l’endroit-même où Padre Pio, en 1910, a reçu ses premiers stigmates qu’il sent mais ne voit pas. Leur invisibilité durera 8 ans.
Le sanctuaire Sainte-Marie-des-Grâces
C’est là que Padre Pio a vécu de 1916 à 1968, l’année de la mort. Et ici qu’il a reçu ses premiers stigmates bien « visibles ». C’était comme « un glaive de feu qui transperça mon âme et fit brûler mon cœur d’un amour ardent pour Jésus », a-t-il dit à son confesseur en décrivant ces plaies. Des plaies sanguinolentes, aux mains, aux pieds et au thorax, mais également à l’épaule causée par le poids de la croix, cette dernière, la plus douloureuse, révélée beaucoup plus tard à Karol Wojtyla, futur pape Jean Paul, lors d’une visite de celui-ci en 1947.
Dans ce sanctuaire repose la dépouille de Padre Pio, transférée il y a quelques années de la crypte du vieux Sanctuaire à celle du nouveau complexe, inaugurée par Benoit XVI en 2009. Tout le monde appelle le nouveau sanctuaire « l’église de Padre Pio ». Le 3 mars 2008, le Vatican a fait procéder à l’exhumation du corps de Padre Pio. Celui-ci a été déclaré en bon état de conservation générale, y compris ses mains. Depuis 2013, le saint est exposé sous verre de façon permanente à la vénération publique. À l’occasion du Jubilé de la miséricorde, le pape François a personnellement souhaité l’exposition de son corps dans la basilique Saint-Pierre, du 5 au 11 février 2016.
L’hôpital de la miséricorde
Le centre hospitalier Casa Sollievo della Sofferenza, édifié entre 1946-1956, par un industriel italien, Emanuele Brunatto. Ce dernier se revendiquait « le plus grand pécheur converti par Padre Pio » et fut son ardent défenseur pendant ses démêlées avec sa hiérarchie. Dans ce lieu, on ne prodigue en effet pas que des soins. On réconforte les corps et les âmes malades. « Une graine a été déposée sur terre et Il la réchauffera de ses rayons d’amour », déclare le saint frère capucin à son inauguration. « Grâce à cette œuvre, le malade doit pouvoir rencontrer le mystère de l’amour de Dieu par l’apprentissage d’une sagesse qui lui permette d’accepter ses épreuves dans la sereine méditation des souffrances du Christ ». Aujourd’hui cet hôpital est considéré comme l’un des hôpitaux les plus efficaces d’Italie et d’Europe. 2 572 personnes, dont 520 médecins, 1791 infirmières et autres, le font tourner de manière exemplaire.
Dans son discours, le Pape rappelle quelques traits à retenir de la vie de padre Pio :
Padre Pio, fils dévot de l’Église
Dans son discours, François a rappelé «la longue et féconde histoire spirituelle» de Padre Pio, «fils dévot» qui a toujours expérimenté «la maternité de l’Église», en apprenant à «reconnaître dans les pauvres la chair du Seigneur». «Il aimait l’Église, il aimait l’Église avec tous ses problèmes, avec tous nos péchés – parce que nous sommes tous pécheurs et nous en avons honte – mais l’Esprit de Dieu nous a convoqué dans cette Église qui est sainte. Et lui, il aimait l’Église et ses enfants pécheurs, tous. C’était cela, saint Pio.»
Le frère tenté par le démon
En évoquant le séjour de Padre Pio en septembre 1911 à Pietrelcina, pour des raisons de santé, François a rappelé «qu’il n’y avait pas d’antibiotiques, mais on se soignait en retourner chez la maman, pour manger les choses qui font du bien. C’était cela, sa noblesse. Il n’a jamais renié son village, il n’a jamais renié ses origines, il n’a jamais renié sa famille.» Le Pape a ensuite souligné la période difficile, les tourments du frères, attaqué par le démon. C’est dans la sève de la prière, dans l’abandon à Jésus, qu’il a pu trouver la réponse aux cauchemars qui s’introduisaient dans son esprit. «Il y a toute la théologie ici ! Tu as un problème, tu es triste, tu es malade. Mais, abandonne-toi dans les bras de Jésus. C’est tout. Et c’est ce qu’il a fait, lui. Il aimait Jésus et il avait confiance en Lui.»
Devenir instruments de l’amour de Jésus
«Cet humble frère capucin a surpris le monde avec sa vie toute dédiée à la prière et à l’écoute patiente des frères, sur les souffrances desquels il versait, comme un baume, la charité du Christ», a expliqué le Pape François. «En imitant son exemple héroïque et ses vertus, vous pouvez devenir aussi des instruments de l’amour de Dieu, de l’amour de Jésus envers les plus faibles. En même temps, en considérant sa fidélité inconditionnelle à l’Église, vous donnerez un témoignage de communion, parce que seulement la communion, c’est-à-dire être toujours unis et en paix entre nous, édifie et construit», a martelé François.
L’importance du respect des anciens
Le Pape a invité à prendre exemple sur les enseignements de Padre Pio, dans cette époque marquée par le vieillissement de la population, et par l’émigration des jeunes. Il faut regarder le saint pour offrir des «perspectives concrètes pour un futur d’espérance» aux nouvelles générations, et «une attention pleine de tendresse aux anciens», patrimoine de la communauté, qui mériteraient un prix Nobel car ils sont la mémoire de l’humanité, a insisté le Pape. «Les vieux sont un trésor, ils sont la sagesse», a-t-il martelé.
Cultiver le témoignage précieux de saint Padre Pio
Sa dernière recommandation a été de cultiver «le témoignage chrétien et sacerdotal de saint Pio» pour vivre en plénitude la vie, «dans le style des Béatitudes et avec les œuvres de miséricorde». La Pape a conclu cette rencontre en récitant l’Ave Maria avec les personnes rassemblées dans ce village de Pietrelcina, rendu célèbre dans le monde entier pour avoir hébergé la naissance et l’enfance de ce saint dont l’héritage se fait toujours plus vivant aujourd’hui.
le Pape invite à imiter l’humilité de Padre Pio
«La prière, la petitesse, la sagesse» : c’est sur ces trois axes que le Pape François a développé sa réflexion, enracinée sur le modèle de dépouillement assumé par Padre Pio tout au long de sa vie. La prière tout d’abord, car «si nous voulons imiter Jésus, nous commençons nous aussi par là où Il commençait, c’est-à-dire par la prière». Les prières ne sont pas des «tranquillisants à prendre à doses régulières, pour être un peu soulagé du stress, non, la prière est un geste d’amour, pour être avec Dieu et lui apporter la vie du monde : c’est une œuvre indispensable de miséricorde spirituelle», a martelé le Saint-Père.
Deuxième critère, la petitesse. «Les petits sont ceux qui ont besoin des grands, qui ne sont pas autosuffisants, qui ne pensent pas se suffire à eux-mêmes. Les petits sont ceux qui ont le cœur humble et ouvert», a expliqué le Pape, leur cœur est «comme une antenne qui capte le signal de Dieu. Parce que Dieu cherche le contact avec tous, mais celui qui se fait grand crée une énorme interférence : quand on est plein de soi-même, il n’y a pas de place pour Dieu», a remarqué François, soulignant une nouvelle fois l’importance de protéger les petits contre les prophètes de mort, qui sont nombreux aujourd’hui aussi dans une société qui, comme dans l’histoire de Sparte, sacrifie les enfants et les vieux, considérés comme faibles et anormaux, inutiles car non productifs. François a une nouvelle fois invité à lutter contre la «culture du déchet».
Enfin, troisième critère, la sagesse. «Celui qui se montre fort n’est pas sage, et celui qui répond au mal par le mal n’est pas fort. L’unique arme sage et invincible est la charité animée par la foi, parce qu’elle a le pouvoir de désarmer les forces du mal», a expliqué François, tirant dans les œuvres de Padre Pio (les groupes de prière, la « Casa Sollievo » et le confessionnal) des illustrations concrètes de ces trois notions.